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Chapitre XV) Tourney journey

Tourney journey

Et c'est le top départ pour les douze participants de la finale de la saison de cette année, dans la plus haute catégorie ! Le Tournoi de chasse touche à sa fin, et le favori numéro un est un Sentôki de la division de la Destinée. C'est donc lui qui aura le malus le plus important pendant cette dernière épreuve. En effet, plus un participant rassemble de mises, plus grosse sera sa récompense et plus nombreux seront les paris gagnants. Pour limiter cela, il a un handicap pour minimiser ses chances de victoire et éviter que le système économique du Tournoi ne s'effondre. Aussi, cela lui permet une plus grande glorification lorsqu'il parvient à attirer des parieurs.

Sur chaque grand écran, les spectateurs peuvent suivre leur participant préféré grâce aux drones munis de caméras qui sont pilotés à distance pour filmer les finalistes en pleine action. À la surprise des jeunes, le lieutenant Kora Zunka ne fait pas l'unanimité : il n'a rassemblé que la deuxième plus petite cagnotte et quelques sièges restent vacants dans la salle de ses supporters alors que celle dudit Sentôki favori est pleine à craquer. En revanche, de ce fait, il n'aura presque aucune difficulté supplémentaire, au grand dam de ses concurrents.

La plupart des supporters présents dans la salle sont des soldats de la même division que lui, la division de l'Armure. Leur soutien provoque un engouement qui entraîne facilement les nouveaux parieurs, notamment Sylvain qui semble s'être trouvé une passion soudaine pour ce divertissement. Juste à l'annonce du départ, Nidari et Létaki se suggèrent d'étudier la technique de combat de ce bon lieutenant à la coiffure de palmier qu'ils soutiennent pendant la retransmission du Tournoi. Ils sont habitués à ce sérieux comportement qu'il leur a été scolairement enseigné alors que Kyhx continue d'ignorer la moinre once de joie qui peut se présenter à lui en ces tristes temps et que Zélyde se surprend à être libérée de l'étreinte habituelle du grand Morcki.

C'est parti ! L'épreuve commence et les coureurs franchissent la ligne de départ, qui délimite la fin du Gakushû et donne directement sur les plaines de Heiya, réputées dangereuses pour les novices. Sylvain explique, sans les détailler, les règles du Tournoi à ses amis. Le but étant de chasser un maximum de mutants, les participants accumulent des points selon plusieurs critères : le nombre de mutants chassés dans le temps imparti représente la base du calcul du score ; le type de mutant tué ainsi que sa taille selon son espèce font varier un coefficient ; la rapidité des affrontements contre les mutants est aussi prise en compte ; enfin, des bonus de points peuvent être octroyés si le soldat parvient à réunir plusieurs mutants dans une même confrontation. La simple course à pied étant trop lente, les coureurs bondissent sans discontinuité à chaque talonnade, tous dans des directions différentes, en utilisant leurs propulseurs à répétition. Nidari remarque avec justesse que les propulseurs accrochés aux chaussures du lieutenant Zunka sont bien différents des siens. L'ancienne version des propulseurs ne consistait qu'en un simple appareil fixé aux chaussures. Même utilisation, même effet, mais cette version ne comporte pas les jambières de protection dont bénéficient les plus jeunes et doit être rechargé en gaz et en comburant plus souvent.

Les spectateurs admirent donc les concurrents s'enfoncer dans une dense campagne dans laquelle la seule loi du plus fort s'applique : Heiya, des plaines connues et cartographiées, mais néanmoins peuplées de dangers que les soldats les plus téméraires s'amusent à défier dans les Tournois. Heiya est un territoire d'envahisseurs, un frein à l'expansion, menaçant l'espèce humaine et Kora y guette sans scrupules les moindres recoins pour y dénicher des mutants à exterminer. Quelques lieusards errants, des dosceras solitaires et même des igniès en petits groupes, le lieutenant ne tarde pas à se faire assaillir de ces mutants hargneux. Expérimenté, mais surtout talentueux, ce soldat de renommée n'a aucun mal à écraser ces mutants de taille moyenne avec l'enclume de l'une de ses hachettes d'appoint. Son score est alors commenté en direct par les animateurs, mais Kora ne semble pas se satisfaire de ces faibles créatures. Comme la plupart des grands compétiteurs, il cherche la perle rare des Tournois : les sasquatchs. En nid, si possible. Le combat n'est jamais gagné d'avance, mais c'est sur ce genre de défi qu'il peut gagner de gros points pour le Tournoi, surtout en phase finale. Le temps imparti d'à peine deux heures est très restreint et beaucoup de participants n'ont pas le temps de trouver de gros mutants à tuer. Beaucoup de vainqueurs ont remporté leur Tournoi par le seul fait qu'ils aient déniché un sasquatch avant leurs adversaires. Trouver un sasquatch, c'est justement le but que s'impose Kora devant son auditoire à travers la caméra du drone qui le suit, mais si la majorité des parieurs ont misé sur un autre concurrent, c'est parce que le favori cette saison l'a persuadée qu'il savait où dénicher de gros points, en insinuant les sasquatchs.

Le temps de l'épreuve s'écoule vite, et pendant parfois plusieurs minutes, Kora se voit errer sans croiser de proie, ignorant quelques petits mutants fragiles. Il sait qu'il va manquer de temps s'il se résigne à tuer chaque dosceras qui lui feule dessus. Il doit admettre que trouver un sasquatch n'est plus envisageable à cette période de la dernière manche du Tournoi. Au détour d'un buisson en lisière de forêt, il aperçoit néanmoins une belle bestiole, d'assez loin. Il regarde son auditoire et s'excuse de son objectif non atteint.

- On va se contenter d'une boréole, les gars ! Annonce-t-il.

En effet, ce mutant d'une taille proche de celle de l'homme est également une bonne source de points, dont Kora est friand. Vu la taille du mutant, il range son arme d'appoint et s'oblige à brandir une lourde épée avec une lame d'une taille démesurée. Cette arme fait jaser dans la salle car le lieutenant est réputé pour être le seul à savoir manier une épée de cette taille, la plus grande taille disponible dans l'arsenal de la Nouvelle Armée. Pour lui, brandir son arme est un ralliement, un cri de guerre auquel répondent en chœur ses subordonnés. Lorsque Kora entame une course effrénée vers la boréole, le commentateur s'emballe, entraînant les spectateurs dans son euphorie. Le lieutenant empoigne fermement sa grosse épée et la lève au-dessus de sa tête ; il n'arrêtera pas sa course facilement. Lorsqu'il arrive au niveau de la bête, celle-ci se met à montrer les crocs et à dresser les épines dorsales et latérales de sa cuirasse, menaçant ainsi le soldat. Pour être devenu lieutenant, Kora a vu bien des dangers, et la seule vue d'une boréole hostile ne l'effraie pas une seconde. Il abat son tranchant d'un coup sec, et enfonce sa grosse lame profondément dans la peau du mutant. Le hurlement de la boréole s'estompe tout aussi soudainement, celle-ci n'a pas survécu à l'attaque. D'un appui ferme de son pied gauche sur le torse du corps sans vie de la bestiole, le lieutenant Zunka retire son épée rougie de feue la boréole. Le coup a été à la fois puissant et rapide, très peu de soldats sont capables d'une telle action, ce qui en fait un bonus de points assuré pour lui. Fier, Kora se retourne vers la caméra, tout acteur qu'il est, mais ne tarde pas à abandonner son sourire lorsqu'il sent une légère vibration dans le sol. Premièrement, le simple fait de ressentir ce genre de vibration dans le sol signifie la présence de mutants dans les alentours ; des mutants d'au moins bonne taille. Secondement, dans une forêt, biome bien différent des plaines, les mutants qu'on y trouve sont plus enclins à vivre en famille ou en groupe plutôt qu'en solitaire. En conclusion, il va y avoir de l'affrontement.

Effectivement, de par ces sensations, Kora s'attend à voir surgir une autre belle quantité de points potentiels. À la vue de cette troupe de boréoles, Kora ne regrette pas l'absence des sasquatchs. Il la compensera par une plâtrée de boréoles furieusement agressives. Seul contre plusieurs, il adopte une façon de combattre plus sophistiquée qu'une simple offensive tous azimuts. Il se met à courir stratégiquement entre les arbres et s'enfonce dans le bois. Comme il doit davantage privilégier la rapidité à la force brute, il ne sert que de son pistolet bactériologique pour désorienter ses cibles et de ses hachettes d'appoint pour déchirer, à plusieurs reprises, la carapace des boréoles enragées. Il en blesse une, puis une autre, et une suivante. Il encaisse un coup de patte griffue et est violemment projeté contre un arbre. Quelques lambeaux de sa veste blanche s'arrachent et tombent au sol. Il aura une cicatrice de plus sur son épaule gauche, mais pour l'heure, il doit ignorer la douleur et venir à bout de ces créatures sauvages et hostiles. Par réflexe, il compresse la plaie de son épaule entaillée avec sa main opposée, mais très vite, il laisse couler son sang et ramasse ce qu'il reste de sa hachette cassée, qui ressemble maintenant plutôt à un piolet. Il fait héroïquement face aux mutants, marque un temps pour réfléchir à sa stratégie, puis finit par s'y lancer.

Kora joue les lanceurs de haches et lance son piolet en direction de l’œil gauche de la menace la plus proche. L'arme vient s'y planter tout proche, dans l'épaisse peau d'un semblant d'arcade sourcilière. La boréole s'énerve de nouveau et fonce en direction de son assaillant qui s'était déjà mis à courir vers elle en hurlant, lui aussi. L'arme de poing brandie au bout de son bras tendu, Kora vise adroitement, cette fois, le même œil de la bête, et y plonge une capsule bactériologique. La cible est étourdie et le lieutenant en profite pour sortir une nouvelle fois son épée légendaire du fourreau. Il pousse, avec force, la boréole de son pied gauche, la fait choir, et en finit avec elle en lui clouant le crâne au sol. Littéralement. Ce vaudou direct est fortement apprécié et fait éclater de joie les téléspectateurs qui acclament sans retenue leur héros. Dans sa frénésie, Kora ne s'arrête pas en si bon chemin : laissant son trophée orné de son épée, il ne se sert plus que de sa deuxième hachette et de ses propres poings pour asséner les autres boréoles qui demeurent impuissantes face à l'adrénaline de ce vaillant soldat. Même s'il se fait arracher une manche de son vêtement en élastomère, Kora n'a pas le temps d'avoir froid. Même s'il se fait perforer la jambe d'une paire de crocs, Kora n'a pas le temps de boiter. Même s'il se plante deux canines dans le bras, Kora n'a pas le temps de faiblir. Il vise les points vitaux avec un tranchant léger qu'il manie avec vélocité et force et doit parfois parier ses doigts au bras de fer avec ses proies. Bien que la condition humaine ne soit pas naturellement de taille à contrer des boréoles, le lieutenant Kora Zunka, fier représentant de la division de l'Armure, expose ses gros muscles et brise l'os d'une patte dans son élan de furie. Ses poings violents ne servent pas qu'à tenir une arme, et il le prouve en surmenant des mutants épuisés et déjà blessés. Manchettes et uppercuts s'enchaînent, étourdissant continuellement les boréoles, tombant, les unes après les autres, hors d'état de nuire à Kora. Pour le spectacle, il se vante de son butin de chasse en prenant la pause devant le drone, pour plaire à ses admirateurs, mais finalement, puisqu'un mutant inoffensif est un mutant mort, le lieutenant Kora Zunka se permet de déplanter sa grosse épée pour achever chaque boréole d'un perçage au niveau vital du thorax.

L'épreuve touche à sa fin, il reste une bonne dizaine de minutes, mais l'état de son accoutrement laisse à désirer, tout comme son épaule effleurée, qui a déjà commencé à cicatriser. Kora ne s'efforce pas à continuer de chercher d'autres points, après l'éprouvante bataille qu'il vient de mener. Il n'y croit pas vraiment, mais il a une petite chance d'être parmi les plus gros scores avec autant de boréoles chassées. Puisqu'il souhaite abandonner les dernières minutes de son épreuve, un escadron de secours est envoyé aux coordonnées recueillies par le drone afin d'escorter le concurrent pour son retour à Atarashî. Pendant les dix minutes que dure le trajet aller de l'escorte, les supporters du lieutenant de l'Armure se félicitent, et applaudissent la performance de Kora en attendant son retour. Sur le palier d'un étage différent de la tour de verre, les échos de joie des parieurs du favori sont bruyants et retentissent jusqu'aux étages les plus haut. Ceux-là se précipitent à la sortie du bâtiment pour être les premiers à acclamer le vainqueur de l'édition. Les paroles qui s'envolent viennent apprendre à Nidari que ce Sentôki a vaincu deux sasquatchs tout seul en l'espace du temps de l'épreuve. Une performance qui lui fait briller les yeux.

D'en haut, on peut voir la cohue à l'extérieur, et les premiers participants reviennent, chacun escorté d'un groupe de quatre soldats chevauchant des Hyper Motos. Puisque le lieutenant Kora Zunka a souhaité terminer son épreuve plus tôt, il ne devrait plus tarder à arriver. C'est donc quatre à quatre que les plus jeunes dévalent les marches de l'immense tour transparente, parce que les ascenseurs sont pleins. Sylvain se dirige au guichet pour récupérer le montant qui correspond au score enregistré, mais hélas, il ne récupère même pas l'entièreté de sa mise de départ. Un premier pari déficitaire, mais néanmoins enrichissant.

Lorsqu'ils passent le pas de l'entrée, et en l'occurrence, de la sortie de la tour, la chaleur du hall se dissipe et ils se figent ensemble devant le fameux lieutenant. Ce n'est pourtant pas la première fois que le groupe de l'Omniscient le rencontrent, mais le lieutenant Zunka semble à peine les reconnaître. Leurs regards ne se croisent que de brefs instants avant qu'il ne soit pris en charge par des médecins pour remettre rapidement son épaule en état. Pas même le temps de lui taper dans la main comme l'ont fait les autres soldats, ceux de sa division. Un peu déçu du départ précipité du lieutenant, Nidari lui voue tout de même un grand respect de par l'impression qu'il a eu en le voyant directement à l'action. La foule commence à se bousculer, c'est signe que le favori du Tournoi vient de descendre de son Hyper Moto. Quelques lambeaux de tissus sont visibles, mais il n'est même pas blessé. Tous ses admirateurs veulent lui serrer la main ou échanger quelques mots avec lui, toute célébrité qu'il est à cet instant. La foule l'adule tant qu'il est difficile de l'approcher, apercevoir son visage en devient même une vraie mission. Alors que le guichetier qui s'était occupé d'amasser sa mise s'avance vers lui, les parieurs l'acclament de toutes félicitations. Les Teishis et leurs camarades sont un peu bousculés et trouvent tant bien que mal une sortie vers un air respirable. Après tout, ils ont perdu leur pari et n'ont plus rien à faire qu'à retourner à leurs occupations. De son côté, le grand vainqueur du Tournoi se voit attribuer l'immense honneur de noter son nom dans le tableau des vainqueurs de Tournoi, noyé dans une gigantesque mer de noms plus inconnus les uns que les autres. Rarissimes sont les vainqueurs de plusieurs éditions, encore moins fréquents sont ceux dont on retient le nom.

 

Senshutsu. Brasserie Raspebeerewery.

 

Que de bruit, d'acolades et de bons rires entre compagnons de buvette. Le spectacle se termine et tout le monde se félicite d'assister à du divertissement, à de l'amusement alors que la survie de l'espèce humaine est menacée chaque jour. Même les deux commandants du fond de la salle trinquent à la santé du gagnant, et à qui sera le plus éméché.

- Félicitations à l'armée de Nujiber ! Lance le commandant Tukh l'Armure.

- Encore la Destinée qui triomphe... Se plaint son compagnon, l'Illusion.

En remarquant le ton un peu déprimé sur lequel on vient de soupirer à sa droite, Tukh l'interroge.

- Ako... qu'est-ce que t'as, d'un coup ?

Le commandant Akorith se prend la tête entre des mains crispées quelques seconde. Puis il se redresse et se lâche à tue-tête.

- Ah... Nan rien, c'est rien ! J'ai l'impression que je n'arriverai jamais à entraîner mes hommes comme Nujiber sait le faire !

- Je ne suis pas tellement d'accord avec toi, sur ce point, mon ami. Regarde Lucy, c'est toi qui l'a formée, au début, et maintenant, c'est une soldate d'élite ! L'encourage Tukh d'une main amicale sur l'épaule la plus proche.

- ... chez Hyxarkon... Déprime-t-il de plus belle.

Tukh l'Armure prend un air légèrement grognon face au manque de volonté de son acolyte. Ses bras l'en tombent.

- Graah... Ha ! Tu trouves encore le moyen de te plaindre ? Attends un peu... Euh...

Cherchant une métaphore digne d'Akorith l'Illusion, il mouline des mains, semblant s'en aider pour parler. Enfin, ses yeux tombent sur le verre vide sur la table et son regard s'éclarcit.

- Là ! Tiens, écoute : n'importe qui peut te servir le meilleur des whiskys ! Mais si tu n'as pas de verre, impossible de le boire ! Tu comprends ?

- ... Hein ? S'étonne Akorith de l'absurde analogie en grimaçant haut son sourcil gauche, toujours voûté et accoudé sur ses genoux.

- Je veux dire : si Lucy progresse autant sous les ordres d'Hyxarkon, c'est parce que c'est toi qui lui en as donné les moyens ! Sans ça, elle n'aurait jamais pu rejoindre les rangs !

Pour l'enthousiasmer, il fait de grands gestes avec des bras, et entonne sa voix de vivacité et de congratulations envers son ami. Celui-ci ne réagit que peu, à peine convaincu.

- ... Mouais...

- Ou alors, elle aurait nourri les mutants dès sa première mission...

- Tu... tu crois ?

- Ahem... Oublie-ça. En parlant d'elle, tu penses qu'elle a suivi le Tournoi ?

- Nan, elle devait aller dans Heiya pour un rendez-vous un peu... spécial.

 

Heiya

 

- Mais quelle salope ! Je vais t'arracher la mâchoire ! Jure Ori en pleine bataille contre ses agresseurs.

Son opposante si provocante garde pourtant un calme stoïque dans cet affrontement, comme si son but n'était pas vraiment de l'emporter sur Ori, mais de l'occuper, de détourner son attention, en attendant qu'autre chose se produise dans le même instant.

C'est impressionnant à quel point elle est forte ! Pourquoi est-ce qu'elle ne fait rien de plus ? Ça n'a même pas l'air de l'amuser de nous voir souffrir. Réfléchis, Ori... Amy et moi ne sommes que deux à défendre le camp. Si ça se trouve, les deux autres de leur groupe sont en train de nous piller ! Seraient-ils des déserteurs ?

Imaginant une scène peu commune dans laquelle ses adversaires seraient des anciens soldats de la Nouvelle Armée, Ori tourne les talons et s'enfuit de son combat contre son opposante. Elle court porter secours à Amy et saute vers le dos de son adversaire.

- Nestor ! À gauche ! Crie une voix venue de derrière.

À peine ces mots prononcés, le jeune homme, face à Amy et le dos tourné à Ori, se déplace d'un pas chassé du côté du cœur, puis chasse son propre pied gauche avec son talon droit pour pouvoir pivoter avec vitesse. Dans sa rotation, il emmène sa jambe gauche haut, jusqu'au niveau du torse, et frappe Ori avec la voûte du pied en manquant de peu de lui fêler le sternum. Immédiatement après, et sans n'attendre de réaction de la blonde tressée, Nestor frappe le poignet d'Ori qui tenait son arme avec la tranche de sa main gauche libre. Le katana d'Ori tombe au sol en même temps que son corps réagit à sa douleur au thorax : elle tombe les paumes sur le sol et régurgite un mélange de suc et de sang hémorragique sur le tranchant de son arme lamentablement tombée de ses mains. Honteusement impuissantes, les deux jeunes filles assaillies sont regardées de haut, par des visages sans émotion.

Justement, aussitôt la fille Ishida au sol, le représentant des émotions absentes arrive à ce camp avancé de Heiya en quelques instants en Hyper Moto. Le commandant Hyxarkon l'Omniscient lui-même fait son apparition. Il se dirige vers la blessée, d'un pas presque pressé. Les deux auto-proclamés Sentôkis s'écartent alors pour le laisser passer, et le commandant d'armée aide Ori à se relever.

- Vous avez l'air de vous être bien battues, toutes les deux... Les rassure-t-il.

Ori lui répond en crachant par terre le trop plein qui lui restait dans la bouche. Hyxarkon se retourne ensuite vers les Sentôkis et leur demande de dresser une table. Ils s'excécutent sans broncher.

- Allez-vous nous expliquer qui sont ces enfoirés, commandant ? Demande finalement Amy Witchness, inquiète et pleine d'incompréhension.

- Bien sûr, tout de suite après. On va s'installer et discuter un peu, tous les cinq.

Une fois la table rapidement prête, les cinq soldats s'y asseyent et le commandant les présentent.

- Lucy Laetory et Nestor Idir sont certainement les plus jeunes Sentôkis de ma division : ils ont seulement dix ans de service. La raison pour laquelle je vous ai réunis, c'est que vous allez vous regrouper et former un nouveau groupe, tous les quatre.

Les Shinken de l'Illusion n'en reviennent pas, bées. Il leur est impensable de s'imaginer faire équipe avec Lucy et Nestor après l'altercation qu'ils viennent d'avoir. Elles ne répondent pas, ne savent pas quoi répondre, ne veulent pas répondre. Quelle situation pourrait leur être plus embarrassante que celle-ci ? Faire remonter les souvenirs du défunt Cepper, peut-être...

Chapitre XVI) à venir...

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