Reigai, modeste village reculé derrière les montagnes de Saikô, pour ne pas dire piteux bidonville perdu et oublié derrière Fukkou et Kodoku [à vérifier sur la carte]. Les terres ne sont pas très fertiles et les approvisionnements de la capitale sont amaigris après leurs deux premiers arrêts. Le développement de Reigai est le sujet politique principal depuis que Jeanne Salcade, une femme formidable, a intégré un poste important de l'ASSH. Elle est originaire de Seiha, la capitale, mais sa rencontre avec Piotr pendant qu'elle visitait Reigai l'a incitée à prendre des décisions importantes pour le développement de la ville naissante, récemment conquise par la Nouvelle Armée. Grâce à elle, la qualité de l'éducation et de l'entraînement militaire croît de manière fulgurante et, rapidement, les moqueries portées aux nouvelles recrues originaires de Reigai disparaissent et le village troque sa réputation de taudis pour une ville normale et aussi évoluée que ses consœurs. Sa carrière civile se termine alors, et elle rejoint son compagnon dans cette nouvelle Reigai fleurissante pour s'installer avec lui et fonder un foyer duquel sont nés deux garçons : Pierce et Harasz Lygendia.

Conformément aux mœurs, l'aîné (Pierce) a rejoint les rangs de la Nouvelle Armée dans l'une des quatre divisions dirigées par les quatres commandants (en effet, à l'époque, la Nouvelle Armée ne comptait que quatre divisions). Brillant et discipliné, Pierce s'est, accompagné de ses frères d'armes, distingué jusqu'au rang de Sentôki assez rapidement. Son groupe a fait la renommée de sa division et ils étaient le fer de lance des bataillons d'expéditions lors de dangereuses missions. Hélas, comme beaucoup de soldats avant lui, Pierce Lygendia, mon oncle, a péri avec ses compagnons lors d'une mission périlleuse, échouée. Les mutants qui peuplaient la zone ciblée étaient trop nombreux, trop coriaces. Comme souvent, aucun corps de cette bataille n'a pu être rapatrié et les restes de nos guerriers disparus reposent sous la verdure qui les a recouverts.

Le cadet, quant à lui, a poussé des études dans le civil. En l'occurrence, Harasz a fait carrière dans la construction de structures dans le cadre de la conquête de nouvelles villes. Il travaillait parfois à la capitale, où il a recontré sa femme, Julia, ma mère. Elle l'a rejoint à Reigai, tout comme l'avait fait sa belle-mère quelques années auparavent, puis, douée en imitation, elle enfanta deux garçons que sont aujourd'hui mon frère aîné, et moi-même.

Dans cette désormais agréable ville de Reigai, grâce à ma grand-mère, je suis né dans une famille plutôt aisée mais qui a su rester anonyme jusqu'à ce que les deux trublions que mon frère et moi sommes devenus se firent connaître au travers de leurs nombreux exploits.